16.11.10

Le soleil s’est couché. Je ne l’ai pas vu de la journée. On y est, enfin, novembre. Je fume moins. Je bois du thé. Des noms me traversent l’esprit sans s’arrêter. Nuées de martinets. Aucune idée, aucune image. Comme des étiquettes qui se seraient détachées de leurs objets et qui tournoient. J’ai fait un rêve formidable, il y a quelques nuits. Je ne me souviens plus. Si je me souvenais, je chercherais peut-être à y retourner, même si c’est impossible. Je l’ai désiré tellement de fois, y retourner. Savoir que c’est impossible, mais y aller quand même. Parfois il me semble que je me suis moi-même détaché, comme une simple étiquette et que je volette au gré des courants d’airs, quand il y en a. Une simple étiquette. Un nom sur un bout de papier. Qui autrefois était collée à quelque chose. A quelqu’un? Je ne sais pas. C’est quoi, quelqu’un? Je me demande. Je ne sais pas. Est-on quelqu’un? Le devient-on? Cesse-t-on un jour de l’être? J’ai fait un rêve formidable, il y a quelques nuits. Je me souviens seulement quand je me suis réveillé. Comme c’était bien. Quoi? Je ne sais plus. Je crois qu’une femme m’embrassait. Elle se penchait, immense, puis m’embrassait. Mais il n’y avait pas que ça. Il y avait tout un monde. Je ne sais plus quel monde. Il y en a tant.

10.5.10

je ne sais rien
je ne veux rien savoir
il pourrait peut-être lui
il pourrait peut-être lui savoir
ou au moins le vouloir
mais moi je ne veux plus
je suis guéri d'avoir voulu tellement savoir
je ne veux plus rien savoir
ni qui je suis
ni qui tu es
ni ce que c'est
ça ne me regarde plus
géante au corps d'ébène
elle avait deux vagins
l'un petit l'autre grand
lascifs garnis de dents
sécrétaient une boue épaisse et noire
il fallait faire un choix
le petit ou le grand
j'osai d'abord au bord un doigt
comme ils étaient réceptifs
tellement frémissants
enivrant appelant tout mon être
dans le grand j'aurais pu entrer tout entier
cachalot emplissant tout le sombre océan
c'était tentant
je me sentais déjà tout entier tout gluant
l'autre dessous était de taille humaine
j'étais au bord tendu et pantelant
piteusement je décidai tout à coup d'être un homme

les mots ne disent rien
je suis las de les voir
ils sont vides et sans lien
sans famille ni maison
sans désir ni passion
errent sans raison dans le noir
des tiroirs de ma tête

9.5.10

le doigt dit non
dit le non-doigt
dis donc le non
le non ondoie

5.5.10


prends ta pelle fossoyeur
crache dans tes mains
la mort t'appelle c'est l'heure

il pleut ça sent la terre
j'aimerais revoir la mer

23.1.10

rien